La justice a ordonné mercredi la réouverture de l'enquête dans l'assassinat du petit Grégory, renouant avec l'une des plus grande énigmes criminelles françaises près d'un quart de siècle après la découverte du corps de l'enfant dans les eaux de la Vologne (Vosges).
"L'espoir" de découvrir l'assassin de leur fils est ainsi offert aux parents Villemin, qui mènent "un combat inlassable et admirable pour la recherche de la vérité", ont déclaré en choeur les avocats Marie-Christine Chastant-Morand et Thierry Moser, à l'issue du prononcé du délibéré à la cour d'appel de Dijon.
Les parents de Grégory, qui aurait près de 30 ans aujourd'hui, souhaitent que les enquêteurs recherchent des traces d'ADN, notamment sur la cordelette qui a servi à ligoter l'enfant, compte tenu "des progrès de la science dans le domaine de la génétique", a précisé leur avocate.
L'état de "bonne conservation de ces scellés" dont se sont félicités les avocats a pu être vérifié par les journalistes, autorisés à les observer mercredi dans la salle de la cour d'appel où ils sont conservés.
Dans un premier sac plastique, sont soigneusement pliés les vêtements de l'enfant, son bonnet, son anorak et son survêtement. Dans un deuxième, est conservée la cordelette ayant entravé les poignets et les chevilles de l'enfant. Dans un troisième, une seringue et son conditionnement d'insuline, retrouvée sur place. Et dans un quatrième sac, les lettres du "corbeau", envoyées aux parents.
Autant de pièces à conviction qui seront expertisées par un laboratoire devant être désigné par le magistrat instructeur, Jean-François Pontonnier, président de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Dijon.
Le 22 octobre dernier, le parquet général avait appuyé la réouverture du dossier en se basant notamment sur "l'avis scientifique" du professeur Moisan de l'institut génétique de Nantes, bien placé pour se voir confier l'expertise.
Selon Me Moser, "un bilan scientifique de ces investigations peut être espéré en mai ou juin 2009". Il estime toutefois que les chances de succès "restent aléatoires même si la science, notamment en matière génétique, a fait des progrès récents considérables".
Grégory, quatre ans, a été retrouvé mort le 16 octobre 1984 pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière des Vosges. Le lendemain du meurtre, les parents ont reçu une lettre anonyme: "Ton fils est mort. Je me suis vengé".
L'affaire, très médiatisée, avait donné lieu à un véritable feuilleton judiciaire.
Un temps suspecté de ce crime, après avoir été mis en cause en novembre 1984, Bernard Laroche, cousin de Jean-Marie Villemin, a été inculpé d'assassinat et écroué, avant d'être remis en liberté en février 1985. Il a été tué par Jean-Marie Villemin peu après.
L'avocat de Marie-Ange Laroche, Me Gérard Welzer, a demandé quant à lui une "réouverture totale" de l'enquête sur le meurtre du petit Grégory, incluant également l'examen des cassettes du "corbeau".
En juillet 1985, c'est au tour de la mère de l'enfant, Christine Villemin, d'être mise en cause. Inculpée de l'assassinat de son fils par le juge Jean-Michel Lambert, elle a été écrouée puis remise en liberté sous contrôle judiciaire quelques jours plus tard. Elle a bénéficié d'un non-lieu en février 1993.
Source : AFP